Audio On Line -Haute fidélité de Prestige : JM Reynaud, Atoll electronique, B&W, Elipson

Banc d'essai du lecteur Atoll Electronique CD80

Banc d'essai paru dans le magazine Haute Fidélité - mention "Meilleur achat Haute Fidélité"

Banc d'essai

Entre coûteux et économique, en toute logique vous choisirez économique. Entre complexe et simple, c'est évidemment la simplicité que vous sélectionneriez. Mais, entre très performant et peu efficace, vous opteriez pour le plus compétent. Ne cherchez plus, vous êtes un homme -ou une femme- de la trempe des ingénieurs Atoll Electronique. Depuis leur charmante ville du Cotentin, ces personnes diffusent vers la France et l'Europe leurs excellents produits aux prix miraculeusement bas. Pas de fabrication en pays d'Asie du Sud-Est. Et, ce n'est pas, non plus, en Afrique ou en Amérique du Sud que s'effectuent soudures et assemblages. Tout le chaîne, depuis la création jusqu'à l'emballage et l'expédition, est réalisée dans les mêmes mûrs. Ils n'ont pas de secret particulier pour la conception. Atoll ne constitue pas un 'start-up' qui a arnaqué des dizaines de business angels. Ces gens ont tout simplement du talent, ce qui leur permet de concevoir des produits sobres et efficaces, pour un petit prix.

La totalité de la gamme d'appareils est simplement constituée. Châssis et bases identiques de façon à réduire au minimum les coûts de production sont accompagnés de divers découpes et boutons. Sur le l' AtollCD80 que nous allons analyser ici, c'est une trappe en forme de trapèze arrondi inversé qui permet l'extraction du plateau de chargement de disque. Juxtaposé à sa droite, l'afficheur reprend un motif symétrique pour conserver une harmonie certaine. C'est, enfin, tout à gauche que se place la 'griffe' de la marque : le logo Atoll contenant la référence de l'appareil en son centre, ou plutôt au centre du "O". Si l'afficheur LCD fait preuve d'une belle couleur verte, même derrière sa plaque de plexiglass, on ne peut pas en dire autant du témoin de veille. Cette LED d'un jaune pétant prends place sur le front de tous les appareils Atoll et ne s'avère pas discrète une fois la nuit venue. Heureusement, le este de la face avant en aluminium brossé noir devient invisible tout comme les boutons de commande ronds qui ne nécessitent qu'une infime pression pour mettre en branle les diverses fonctions de l'appareil.

Le panneau arrière s'est vu offrir un revêtement peu sensible aux rayures, tout comme la tôle pliée chapeautant l'appareil. Y figurent, à droite, la prise femelle d'alimentation, à gauche, la sortie optique numérique coaxiale et l'analogique stéréo, toutes deux sur de simples fiches Cinch. On remarque, sous l'appareil, des pieds en dôme inversé composé d'un plastique souple absorbant plus de vibrations qu'un classique modèle en ABS + support caoutchouc.

On peut se demander le pourquoi d'un modèle CD50, CD80 ou d'un modèle CD100 (ndaol : depuis l'édition de ce banc d'essai, la gamme s'est enrichie du CD200) dans la référence d'un lecteur CD, surtout chez une marque aussi jeune. Pour nos petits français, le but était de bien séparer les trois niveaux de produits. Puisque l'amplification était disponible en trois modèles (50, 80 et 100W par canal), les platines CD reprennent la même philosophie. Le CD50 est un modèle d'entrée de gamme très performant, le CD80, évolution du précédent, avec des étages de sortie totalement discrets. Le CD100 y ajoute une alimentation sur-gonflée à l'aide d'un transformateur délivrant près de 100VA.

Pour allier à cette conception intéressante, facilité et coûts de production peu élevés, deux cartes indépendantes sont fixées à gauche de la mécanique de lecture et derrière la section contenant l'afficheur et les circuits de contrôle. La mécanique CDM 12 d'origine Philips, a été légèrement recarénée afin d'être fixée au centre du châssis par quatre solides entretoises en acier, anéantissant ainsi la majeure partie des vibrations parasites. Les circuits d'asservissement et conversion y sont intégrés dans une petite carte. La carte d'alimentation et de contrôle s'avère, à l'évidence, un modèle industriel fourni en tant que bonne base OEM par Panasonic. Elle inclut même des étages de sortie à circuit intégré ici laissés de côté. Au niveau supérieur se placent les étages de sortie totalement symétriques. Chacun dispose de huit condensateurs de 220µF avant un pont de diodes zener suivi de transistors bipôlaires BC556 et BC546, polarisés en classe A. Ainsi, le signal analogique court vers un circuit de temporisation à relais puis les fiches Cinch. Ce travail très professionnel au niveau de de la partie clé du lecteur se traduit au niveau des chiffres par un temps de montée court (moins de 2 µs). Les plus débrouillards d'entre vous pourront remplacer l'alimentation des étages de sortie, fournie par le petit transformateur, par un modèle toroïdal de forte puissance fixé  dans l'espace réservé au niveau du châssis. Aucune soudure de sera nécessaire, des dominos enfichables de qualité étant employés pour raccorder alimentation et étages de sortie.

ECOUTE

Matériel utilisé :

Amplificateurs Rotel RA972 & Rega Mira, enceintes BC Acoustique Darling, JM Reynaud Trente et Triangle Titus XS, câbles QED, Wireworld et HMS.

Qui dit belle électronique dit également assez long rôdage. Le CD80 n'échappe pas à la coutume. Ainsi, une dizaine d'heures de fonctionnement s'avèrera un minimum, toutefois l'on préfèrera porter les oreilles sur modèle ayant dépassé les deux journées de fonctionnement en continu. Le petit lecteur demandera également un temps de chauffe raisonnable avant toute utilisation. Une demi heure à une heure sous tension lui laissera le temps de s'échauffer afin de maximiser ses performances.

Vient maintenant l'étape tant attendue du premier disque. Quel pourrait bien être le caractère de cette électronique aux étages de sortie si bien soignés ? Notre esprit nous suggérait une bonne dose d'énergie, une dynamique excellente et des timbres respectueux. Et bien, c'est en effet ce que nous a proposé le CD80.

Chaînes anémiques et préamplificateurs mollassons vont se faire secouer les puces par ce lecteur, croyez-nous. A peine débute t-on la lecture que l'Atoll se place en orbite. Son tonus est injecté en plein coeur du signal et c'est, à cet instant même, la fête. Il vous suffit de passer quelques extraits de "Breakfast on the moon" de Supertramp pour être convaincu des impulsions brusques qu'il délivre. Qui dit regain d'énergie ne dit pas forcément débordements. S'il fait preuve d'une dynamique herculéenne, le CD80 sait aussi être calme, lisse et très nuancé, sans tomber dans l'ennui ou la paresse. On appréciera alors le phrasé clair et bien compréhensible. Sur des enregistrements de très faible niveau, aucune variation dans la tonalité ne se fait ressentir. Un petit extrait de "La Danse des Sabres" mettra rapidement en valeur une grosse caisse ample, très tendue s'éclipsant avec régularité et très progressivement. Le subtil raccourcissement du haut du spectre en nous a pas arraché de larme, pas plus que le médium bien étudié disposant de beaucoup de matière. Le CD80 sépare avec habilité chaque intervenant, conférant ainsi une profondeur généreuse et une sensation d'ampleur spatiale convaincante. Une belle transparence accompagne la reproduction, progressant de ce fait vers une fidélité de moins en moins utopique.

Quelle présence, quelle émotion dans la voix de Zazie lorsque celle-ci interprète "Chanson d'ami". On aurait presque envie de la serrer dans nos bras pour la réconforter. Là où certains appareils massacrent les fluctuations de niveaux, les divers petits bruits de langue ou de salive, les inspirations et expirations douces, le CD80 semble, pour sa part, laisser couler les paroles s'échappant du coeur même de la chanteuse mélancolique. Lire un CD audio semble n'être qu'une simple formalité pour l'Atoll. Il fait surgir de ses entrailles les états d'esprit, les sentiments et les comportements des différents intervenants utilisant leur organe vocal miraculeux ou tout type d'instrument.

Zacharie Bourjet

VERDICT

Un lecteur performant, c'est courant. Un modèle doué de talents, c'est plus rare. Conjuguant ces deux particularités, le CD80 agira comme un véritable rénovateur sur tous vos disques poussiéreux. Agent actif puissant, il saura trouver sa place facilement grâce à un caractère dynamique, léger et plaisant en toutes circonstances. Certes, ce n'est pas un Apollon aux milles fonctionnalités, mais un tel rapport qualité/prix attirera, sans nul doute, amateurs et passionnés de musique, et non pas les frimeurs.

Publicité

 

A propos | Liens | Recommander ce site | Contact |Informatique Flers(61) et Condé sur Noireau(14) | Tous droits réservés