Enceintes JM Reynaud Offrande Signature
Présentation
Il faut l’écouter pour comprendre…
L'acoustique n’est pas une science exacte, sa complexité théorique, les incontournables et mystérieuses réactions entre une source sonore et son environnement remettent régulièrement en cause des solutions pourtant validées par le calcul. L’étude de l’OFFRANDE SIGNATURE m’a amené une fois de plus à vérifier cette réalité.
Loin des solutions rapides et cartésiennes, mais quasi uniques, qu’apportent les technologies numériques et leurs programmes de calcul, la conception de cette enceinte s’est appuyée sur des techniques de mesures analogiques et certaines méthodes expérimentales nourries par de longues années d’écoute sensible et passionnée du son, de la musique.
Le développement de cette enceinte a débuté par l’étude patiente de haut-parleurs dotés de courbes de réponse naturellement droites autorisant un filtrage simple, respectueux de la phase et dénué de circuits bouchons beaucoup utilisés aujourd’hui pour tenter de linéariser la réponse chaotique de haut-parleurs dont les membranes en matériaux très techniques et très à la mode sont souvent mal adaptées à l’usage que l’on en fait…
La mise au point du principe de charge nouveau et très innovant de l’OFFRANDE SIGNATURE a bien évidemment fait appel à la mesure mais aussi, et en grande partie, à l’oreille pour sa finalisation non pas en écoutant des programmes musicaux mais plutôt des signaux analogiques complexes dont les variations de timbre sont aisément identifiables et comparables.
L'optimisation de la géométrie des volumes internes a été faite en évaluant les différences de couleur des signaux générés à l’intérieur de l’enceinte, typiques de chaque forme expérimentée. Les surprises ont été nombreuses, je suis passé, grâce à de nombreux essais successifs, d’une suite de toniques internes très audibles, mais non mesurables à l’extérieur de l’enceinte, à une grande régularité du spectre et de sa structure harmonique. Ces différences, aucun programme de calcul n’aurait permis de les appréhender…
Lorsque tout m’a semblé harmonieux et achevé, j’ai réalisé le prototype définitif et je l’ai écouté. D'emblée, le résultat a été miraculeux !
Ce fût une écoute très inhabituelle, inespérée et enthousiasmante. Très grande vitesse de l'établissement des trains d'ondes, absence totale de toniques et de résonance des cavités du coffret, spectre très riche et très étendu, grande netteté des plans sonores, ni compressions, ni duretés, une spatialisation étonnante en trois dimensions, une très belle texture harmonique et une mise en évidence aisée de la vraie couleur des électroniques utilisées…
… la révélation d’une enceinte profondément humaine.
WOOFER
Diamètre 170 mm, cône carbone/kevlar/graphite.
Moteur double aimant à noyau ventilé.
Bobine mobile 38 mm, bobinée en sandwich sur support Kapton.
Saladier Zamac, spider plat.
TWEETER
Type ruban.
Double ruban afin d'éviter la transmission d'ondes latérales de surface.
Dimension totale des rubans conforme au nombre d'or.
Pavillon hyperbolique en aluminium massif optimisant le rendement et réduisant fortement la directivité verticale et horizontale.
FILTRE
Pentes 12 et 18 dB/octave.
Raccordement 3800 Hz.
Composants de haut-niveau à faibles tolérances, câblage sans circuit imprimé.
Cellules grave et médium/aigu séparées afin d'éviter tout rayonnement des éléments entre eux.
ENCEINTE ACOUSTIQUE
4 cavités couplées à amortissement progressif.
Phasage dynamique des haut-parleurs.
Contre baffle découplé.
Piétement intégré.
Alaises massives fuyantes limitant les effets de bord.
Pointes de découplage.
Finition placage véritable aniégré naturel ou teinté.
Assemblage sous presse pour une inertie optimale.
Voir l'ancien modèle JM Reynaud Offrande
Banc d'essai paru dans le magazine La Revue du Son et du Home Cinema de janv/fev 2007
Jean Marie Reynaud a signé cette superbe enceinte qui résume une passion pour la reproduction sonore chevillée au corps... et aux oreilles. Invitation au voyage.
L'Offrande Signature affiche des cotes assez compactes qui lui permettent de se faufiler entre les enceintes dites de "bibliothèque" et les colonnes. Fort intelligemment, le constructeur fournit d'origine un piétement coordonné... Premier bon point ! La neutralité du coffret est au-dessus de la moyenne. Il faut dire que l'assemblage des parois s'effectue sous presse avec une force de plusieurs centaines de kilos, le meilleur moyen selon le concepteur pour atteindre une totale "intimité" des collages. Les panneaux sont à base de médium de 20 et 24 mm d'épaisseur. Les chants sont abattus afin d'éviter tout effet de bord nuisant à la précision de l'image stéréophonique. Enfin, le placage est appliqué sur les deux faces afin d'équilibrer les contraintes et garantir la pérennité du montage.
Le maître du temps
Les deux transducteurs sont montés sur un contre baffle-support découplé par un matériau viscoélastique éprouvé par l'industrie. Vous remarquerez le décrochement sur la face avant qui révèle un alignement des centres acoustiques des haut-parleurs. L'Offrande est accordée par un évent frontal laminaire freiné par de la mousse. Comme toujours chez JM Reynaud la charge a fait l'objet d'un soigneux travail d'optimisation s'appuyant sur des mesures validées par des tests d'écoute. Pour rester simple et ne pas trahir un brevet en cours de dépôt, sachez qu'il s'agit d'une charge dite à amortissement progressif. Le couplage des quatre cavités internes confinées par des parois obliques a été modélisé expérimentalement jusqu'à l'obtention d'une onde interne purgée des toniques que ce type d'architecture engendre habituellement. L'Offrande sa range dans la catégorie des 2 voies. Le registre grave médium est pris en charge par un transducteur de 170 mm de diamètre. Le saladier en Zamac non résonant accueille un double aimant à noyau ventilé en forme de tuyère. La bobine double couches en cuivre plat non oxygéné est montée sur support Kapton assurant une dissipation thermique très efficace, la membrane guidée par un demi-rouleau néoprène est constituée d'un composite carbone/Kevlar/carbone lié par du polyméthylpenthène imprégné de graphite. Retenez simplement que la combinaison de ces recettes préserve les propriétés amortissantes du cône, en lissant les accidents de la réponse en fin de bande, d'où l'absence au niveau filtre de tout circuit bouchon dont on connaît les incidences délétères sur la transparence.
Le temps du maître
Le tweeter est un modèle à ruban d'origine italienne. Les transducteurs d'aigu à ruban qui font un retour en force sur les enceintes de haute volée (Mulidine, Apertura...), sont renommés pour leurs performances en terme de réponse transitoire et de finesse de restitution. On leur reproche parfois une directivité prononcée. Le modèle choisi par Jean Marie Reynaud semble avoir trouvé la parade. Le ruban est fendu en son centre afin de trouver un rapport largeur/hauteur de 1,6 (le nombre d'or!) permettant de circonscrire la directivité horizontale et verticale. Il est niché dans un pavillon hyperbolique en aluminium massif dopant le rendement. Le filtre à masses séparées loge des composants à faibles tolérances : condensateurs à armature étain, selfs à air quasiment insaturables à base de fil de cuivre de 1,5 mm2 de section. La fréquence de raccordement a été calée autour de 2,3 kHz selon des pentes de 12 et 18 dB/oct. Afin de minimiser les pertes et les interférences de toute sorte, les cellules grave et médium/aigu séparées sont câblées en l'air avec du fil argent/cuivre sous gaine Kapton.
NOTRE AVIS
R. Lacrampe : Jean Marie Reynaud s'est surpassé ! Il n'était pourtant pas facile d'accoupler deux transducteurs si différents... Le ruban a enfin été dompté. Les acousticiens Français Christian Yvon (Apertura), Maurice Rochet (Mulidine) et maintenant Jean Marie Reynaud sont à l'avant-garde de cette réhabilitation tardive... mais nécessaire comme j'ai pu le constater sur cette Offrande Signature ! En effet, le tweeter arbore une richesse harmonique, une rapidité d'établissement des attaques que ne distillent pas les modèles à dôme tissu classiques. Cela pourra d'ailleurs surprendre ! Il reste en effet très exigeant quant à la qualité des chaînons qui l'accompagnent. On choisira une électronique suave, sans complaisance dans le haut du spectre. Je pense aux modèles de chez Audio Analogue ou même à des amplificateurs à tubes genre Cayin 500 ou Audio Research 110... Autre point fort de l'Offrande, la construction d'un édifice sonore remarquablement cohérent dans sa spatialisation et dans la fusion des registres. L'oreille est comme libérée de tout effort de recréation. La musique coule naturellement. Bravo !
J.Hiraga : Etant avantagée par un volume de charge généreux, vouloir comparer l'Offrande Signature à l'Audiovector K1 Super testée dans ce dossier est mal venu. (naol : pour en savoir plus, voir le n°314S de la RDSHC) Cela ne nous empêche pas de dire que, par rapport à son volume de charge, elle fait de vrais miracles en matière d'exploration du registre de grave. Elle a surtout pour mérite de l'explorer de manière à la fois quantitative et qualitative, assez pour qu'une écoute dans le noir fasse croire que l'on est en train d'écouter une bonne paire de colonnes. Bien que placé assez en retrait par rapport à la face avant, le ruban n'a fait ressortir ni aux mesures ni à l'écoute aucun problème tel que résonance de cavité ou dégradation de la caractéristique de directivité. On est surtout émerveillé par ses qualités de ciselé et de précision. Sa contribution sur le critère de lisibilité générale est étonnante car elle s'étend sur l'ensemble du spectre, jusqu'au grave. Une réussite totale, un festin musical qui laisse loin derrière bien des concurrents, y compris de très sérieux. Un autre fruit de la passion et de la persévérance d'un grand maître français en enceintes acoustiques. Bravo !
ECOUTE CRITIQUE
NEUTRALITE, EQUILIBRE GENERAL
Ella Fitzgerald " Reach for Tomorrow", Verve Classic Compact, VSCD 4043.
R.L. La restitution est pure, déliée. Le registre médium se pare de mille couleurs. Ella s'est un peu rapprochée, mais quel naturel ! Ecoute étonnamment piquée.
J.H. Lisibilité générale très poussée : on perçoit mieux que d'habitude le bruit résiduel de cette ancienne prise de son analogique. Avec autant de présence et de détails, la prise de son a bien rajeuni, sans virer pour autant vers la suranalyse plus désagréable qu'utile.
EFFET STEREOPHONIQUE
Juan del Encina, "Solo de batterie", BNL 112 848.
R.L. Remarquable mise en place de la scène stéréophonique. Les plans sont distribués dans une perspective aérienne étonnamment stable, festonnée de micro informations d'ambiance proches et lointaines.
J.H. On reconstitue sans aucune difficulté et bien mieux que souvent la nature et le volume du lieu où a été effectué l'enregistrement. Splendide perspective spatiale avec, en premier plan, les batteries placées en mode panoramique, toutes parfaitement différentiées les unes des autres.
COMPORTEMENT DYNAMIQUE, TENUE EN PUISSANCE
Mark Curry, It's only time, plage 1, "Ail over Me",Virgin CDVUS 49.
R.L Certes, on n'a pas la palette dynamique de nos enceintes point de repère, mais l'Offrande reste très sereine face aux assauts des forte. Pas de ferraillement sur la voix de Mark Curry. Superbe tweeter !
J.H. Sur la voix, les débuts de dureté ou de projection dans le médium aigu souvent ressentis font place à du piqué de qualité, sans jamais aller jusqu'au surlignage excessif. Belles excursions en dynamique.
REPONSE EN FREQUENCE
Applaudissements, tests de percussions. Disque NRDS n°10, plages 14,17 et 21.
R.L Applaudissements remarquablement réalistes. En terme de richesse harmonique le tweeter à ruban fait ici des merveilles sur les clochettes. Grosse caisse plus petite que sur nos références, bien qu'étonnante par rapport à la taille des enceintes.
J.H. Prestations de première classe sur ces trois plages. Ces Offrandes Signature font de vrais miracles avec un rare bouquet de qualités rarement si bien assorties dans un volume de charge modeste. Même la grosse caisson parvient à être transcrite sans être trop miniaturisée.
FUSION DES REGISTRES, TRANSPARENCE
Johann Strauss, "Marche Egyptienne" Op. 335, Das Mikrofon, plage 2, Tacet 17.
R.L Fusion des registres exemplaire. Haut du spectre rutilant mais sans verdeur. Eventail dynamique un peu resserré. Très bonne transparence globale. Grave délié mais écourté.
J.H. La JM Reynaud Offrande Signature surmonte sans aucune difficulté ce piège. Le début d'acidité naturel des cordes traduit à travers la couleur particulière des micros d'époque n'engendre aucun effet pervers, anormalement acide ou agressif. Superbement timbré.
Banc d'essai paru dans le magazine Son & Image de décembre 2006
Avec les toutes nouvelles Offrande Signature, on accède à un monde musical où le caractère « humain » de la restitution a pris le pas sur celle d'une écoute purement hifiste avec ses outrances parfois flatteuses mais qui sont éloignées de la réalité perçue en direct tous les jours. Ces systèmes compacts peuvent remettre en cause pas mal de mauvaises habitudes d'écoute, pour se rendre compte (si on n'est pas obstiné ou de mauvaise foi) qu'elles offrent un subtil équilibre entre beauté vraie des timbres, capacité dynamique expressive, rendu d'un espace sonore tridimensionnel bien structuré (dépendant des prises de son).
Hautement musicale dans toute l'acceptation du terme, en toutes circonstances, elle concentre en elle un savoir-faire non usurpé, pour obtenir d'une part une vraie symbiose entre un haut-parleur grave-médium conique et un tweeter à ruban (cohérence très difficile à réaliser car on tombe dans le « mariage de la carpe et du lapin ») et, d'autre part, la réduction à néant des toniques habituelles de petit coffret tout en descendant réellement avec du niveau dans le grave, grâce à une charge complexe faisant intervenir plusieurs cavités internes amorties et déterminées suite à des mesures très révélatrices sur les différents modes de résonances excités.
Le résultat est là, sortant totalement de l'ordinaire où l'élégance de la restitution atteint des sommets.
CONDITIONS D'ECOUTE
Rien n'a été oublié par JM Reynaud afin d'exploiter au mieux les remarquables qualités de ces systèmes compacts très performants. Aussi, les pieds sont-ils fournis et eux aussi de la même nature et essence de bois que les coffrets, à la fois inertes, stables et surtout, grâce à une liaison mécanique par vis à Alen avec le coffret de l'enceinte, formant un tout, d'une intégrité mécanique sans faille. Ce pied est découplé par quatre pointes tournées dans du bronze massif qui s'ancrent dans divers types de sol pour ne pas diluer leur énergie. Côté câbles, nous ne saurions trop vous recommander l'adoption du bi-câblage avec le remarquable câble HP Jean-Marie Reynaud HP216B qui procure concrètement un superbe équilibre entre bien des paramètres souvent contradictoires.
Côté ampli, on peut utiliser en écoute domestique, à bon niveau, des électroniques de 50 W, mais attention, elles reflètent bien la personnalité des maillons en amont. Si ces électroniques sont un peu bouchées, manquant de transparence, ou à la phase incertaine, cela vous sautera immédiatement aux oreilles. A l'inverse, grâce à leur charge bien maîtrisée, elles peuvent encaisser sans « tremblement » incontrôlé de l'équipage mobile du haut-parleur grave, ni faseyage de l'ultra fin ruban du tweeter, des puissances colossales avec un niveau en conséquence, qui, et là est le piège, ne vous semblera jamais dur ou agressif avec une vitalité des plus réjouissante.
ECOUTE
Dès les premières mesures de Vissi d'Arte, extrait de la Tosca de Puccini par la soprano Renée Fleming, on sent que quelque chose de différent se passe dans la modulation de la voix, débarrassée des insidieuses colorations euphorisantes habituelles, pour retrouver une tessiture de timbre plus humaine, plus chaude, plus chaleureuse. La diction est bien articulée, avec des envols dynamiques qui ne se traduisent pas par des duretés insupportables sur les crêtes de niveau. Les deux transducteurs, conique et à ruban, sont parfaitement homogènes sur les forts écarts de niveau, sans changement de famille sonore ou de variations de pouvoir d'analyse. Il en découle une restitution d'une rare beauté « style concert » où l'orchestre et la soprano ne sont pas « autopsiés au scalpel » mais retrouvent ce caractère chaud, humain, pour se laisser emporter par la poignante mélodie dont les forts contrastes de timbres ressortent avec une rare élégance.
Cela est confirmé sur la voix « puissante » et expressive de Lucciano Pavarotti sur « Una Furtiva Lagrima » extrait de l'Elixir d'Amour de Donizetti, où les Offrande Signature cernent avec une maîtrise totale toutes les subtilités d'intonation, jusqu'aux plus forts écarts dynamiques, sans l'ombre d'une saturation ou d'une dureté intolérable. L'intelligibilité de l'accompagnement de l'orchestre est admirable dans son délié sur les pizzicati, le filé de la mélodie à la harpe de l'introduction, le suivi rythmique des cordes. On retrouve cette douce définition, toujours la ligne d'une perception proche de ce que l'on ressent au concert, avec beaucoup d'informations directes et latérales qui font oublier la présence des enceintes pour être baigné dans un champ sonore réaliste.
Avec le quatuor d'instruments anciens Palladian Ensemble, sur l'adaptation des sonates en G Major BWV 1039 de Jean-Sébastien Bach, les Offrande Signature nous ont offert une restitution de toute beauté des timbres, des instruments à cordes (viole à 7 cordes, guitare baroque, violon Guarneri Cremona 1674) et de la flûte à bec dont les structures harmoniques complexes se chevauchent sans interférer les unes sur les autres, sans jamais déraper vers le haut-médium aigu, ni « verser de l'acide » dans les oreilles, tout au contraire. En effet, les Jean-Marie Reynaud respectent, même sur les notes élevées, la structure des harmoniques supérieurs, le tweeter ne fait jamais « entendre » son ruban d'aluminium (pour les anciens, que de progrès depuis le Decca Kelly, célèbre tweeter à ruban des années 70 qui avait une joyeuse tendance à marquer de sa personnalité légèrement « ferraillante » le haut du spectre). Tout le contraire avec les JMR qui ont plus tendance à un caractère mat naturel où les cordes sont en vrai « boyau » et non des câbles de frein de vélo ! avec une couleur boisée des caisses de résonance respectives des trois instruments à cordes. De même, la flûte à bec retrouve son ampleur originale sur les notes tenues avec, non gommées, les infimes modulations du souffle de l'interprète parfaitement intégrées et non chacune de son côté avec des sonorités canard comme cela se produit trop souvent. On prend un réel plaisir à écouter cet ensemble qui peut rapidement devenir agaçant avec bien des systèmes, pas aussi bien équilibrés que les JMR.
De même, les pièces pour clavecin de Jacques Duphly, interprétées par Brigitte Tramier (sur clavecin Antoine Vater 1738), sont transcrites avec la somptueuse richesse tonale de sa table d'harmonie. Les attaques des cordes pincées ne sont pas estompées. On ressent ainsi la vraie matière au moment du décollement des becs de plume sur les cordes, juste au moment du front de montée de la note qui s'épanouit naturellement par la suite dans un dégradé de niveau correctement respecté. Ce clavecin ancien (restauré dans les règles de l'art) a retrouvé tout son « lustre sonore » non trahi par les Offrande Signature qui s'avèrent tout aussi étonnantes dans l'exploitation du bas du spectre, pour procurer la profondeur de l'acoustique de la Chapelle du couvent Royal de St Maximen où a eu lieu la prise de son. Seuls de très grands systèmes, sur cet enregistrement, ont été capables de redonner cette impression d'espace comme les Offrande Signature.
Ce parfait calage en phase se retrouve en comparant les prises de son des 6 Suites pour violon de Jean-Sébastien Bach, interprétées d'un côté par Paul Tortellier en 1960 et, de l'autre, par Martin Zeller en 2006. 45 ans séparent ces deux enregistrements. Quelle différence à l'écoute (sans parler du jeu totalement différent des deux artistes, en faveur, sans aucune contestation possible, pour le premier cité) dans la couleur des instruments, l'acoustique, la distance des microphones au travers des Jean-Marie Reynaud. On est littéralement transposé dans les acoustiques différentes en passant d'un enregistrement à l'autre tant l'environnement des sons réfléchis par rapport à ceux directs est respecté dans le temps et l'intensité. Dans les deux cas, les JMR respectent les divers tempos et marquent encore mieux les différences de fluidité dans l'enchaînement des notes, de souplesse dans le discours mélodique... Vraiment surprenant de la part d'enceintes aussi compactes qu'elles soient capables de recréer un espace à vivre les interprétations dans un environnement acoustique aussi cohérent et aussi changeant en fonction des prises de son.
En passant à un tout autre genre musical, avec le trio Aldo Romano, Rémi Vignolo, Baptiste Trotignon et leur album Flower Power, sur l'interprétation très libre de M. Tambourin Man, les Offrande Signature disposent les trois interprètes dans l'espace avec une très grande rigueur sans tasser l'un ou l'autre aux avant-postes, suivant l'intensité des attaques. Le pied de grosse caisse est reproduit avec une rare densité (la charge très spécifique de ces enceintes effectue un travail remarquable) mais surtout la perception après la frappe du maillet, du décollement de celui-ci et des « vibrations » de grande amplitude de la membrane en mylard tendu de l'instrument, sont remarquablement rendus, remarquable sous un volume aussi réduit. De même, le piano « sonne » avec une consistance, une matière sonore riche, loin du caractère légèrement fêlé que l'on ressent malheureusement avec de nombreuses enceintes. La contrebasse est facile à suivre dans ses évolutions de différences de niveau, jamais cotonneuse, mais toujours avec sa belle couleur boisée.
Avec l'album de Michelle Shocked, Quality of Mercy, les Offrande Signature ont fait preuve d'une lisibilité totale malgré les assauts d'une basse et de percussions pour le moins destructrices, cela sans l'ombre d'une trace d'intermodulation sur la voix de la chanteuse. En effet, souvent avec les enceintes de faible volume, le haut-parleur de grave médium est tellement sollicité sur les hyper crêtes de niveau autour de 80/120 Hz, qu'avec les longues élongations, il s'ensuit une forme d'intermodulation et d'effet Doppler avec le médium qui se traduit par un chevrotement (à la « Véronique Sanson ») de la voix. Or, ici, les JMR, avec un côté charnu, mat, transcrivent la voix de Michelle Shocked et celle très grave de l'accompagnateur en arrière-plan, « nettes et sans bavure ».
SYNTHÈSE DE L'ESTHÉTIQUE SONORE
Les Offrande Signature, au sein des enceintes compactes, « offrent » une autre proposition sonore, celle d'une perception de tous les genres musicaux d'un grand raffinement, hautement musicale dans toute l'acceptation du terme, totalement opposée aux traits vulgaires d'une « restitution hifi » tapageuse, démonstrative, mais souvent très éloignée des véritables sensations procurées par le concert (d'instruments acoustiques). Cette nouvelle voie de recherche d'une charge optimisée pour un petit volume apporte un lissage des colorations habituelles (de fond de coffret, de tonneau, de tuyau) pour un délié, une ouverture, du vrai grave à l'aigu surprenant de naturel, sans aucune fatigue auditive. On ne saurait trop conseiller de les écouter (dans de bonnes conditions) car elles vous font accéder à une autre dimension sonore, plus juste, plus rigoureuse mais oh combien plus satisfaisante pour la compréhension du discours musical.